K-branding -Facial

Le souci est classique dans cette catégorie de groupe, K-branding délivre avec son premier album long format un manifeste de son positionnement musical. Après des années de concerts, plusieurs EP, facial dresse un état des lieux, une somme des expériences cumulées, une mise au net des savoir-faire et assigne un premier sommet à son oeuvre.

Parti sextet de musique improvisée sous le nom de The Monday Guys , le groupe s'est resserré en trio guitare ( Gregory Duby ), saxophone & percussions ( Vincent Stefanutti ), batterie ( Sebastien Schmit ). Ländler donne une bonne idée du point de départ du groupe : un jazz free insolent et puissant, massif et rageur. A cette équation de base, K-branding va appliquer tout à tour des traitements cold wave, tribal et hard-core, tout en conservant le format non-chanson qui donne à cette musique un statut de pulsion électrique : une tension, à des régimes sonores où dominent des sons très lourds, des basses martiales, des sections de batteries mitrailleuses, et des voix droit surgies des mégaphones de l'ère punk. De la cold, K-branding retient la potentialité tribal urbain et transe contemporaine, et en amplifie la puissance : les rotatives de batterie lancinantes, les drones en boucle, les douches glacées et les syncopes. Bien que férocement expérimentale, la musique garde du dance-floor nocturne sa propension à fermer les yeux, s'abandonner, envahir la tête et les Doc Martens.

Si la tonalité générale, dans sa noirceur pesante, reste constante jusqu'au terme du disque, l'équilibrage entre free, cold, hard-core varie suffisamment pour fournir un disque très complet et jamais assommant. Le souci du détail, qu'il s'agisse des percussions, des traitements électroniques, des grésillements ou des salves de guitare, est de toute façon gage d'un album non monolithique, bien qu'il offre la face sombre et primitive d'un mégalithe aux quelques heures qui précèdent l'aube d'un rugueux Walpurgis. Quelques plages tripantes, ouverture de Reazione a Catena , par exemple, ou encore Der Morgen Kommt et Tryptich Part Two , confirment que le groupe maitrise sa matière sonore même quand il réduit sa puissance de feu.

A jouer dans le noir et très fort.

February 2009 by Marteen B @ http://www.mille-feuille.fr - [Click]